Un petit papillon noir brodé sur un de mes mouchoirs
Je l’ai sorti pour pleurer, mais il était si léger
Que mon chagrin s’est envolé.
Deux petits papillons bleus posés sur mon oreiller
Je les ai pris dans mes cils, mais ils étaient si fragiles
Que je me suis réveillée.
Trois petits papillons verts jardinaient dans les lilas
J’en ai cueillis du bout des doigts, mais ils étaient si délicats
Que mon bouquet s’est étiolé.
Quatre petits papillons gris se faufilaient sous la pluie
Ils sont entrés par la fenêtre pour s’égoutter dans mon lit
Mais le beau-temps les a repris.
Cinq petits papillons d’or se regardaient dans le miroir
J’ai cru pouvoir les enfermer tout au fond de ma mémoire
Mais le temps les a chassés.
Six petits papillons jaunes jouaient dans la citronnelle
Je les ai mis dans mon panier, mais ils étaient si sucrés
Que le vent les a volés.
Sept petits papillons blancs s’enroulaient aux cerfs-volants
Quand j’ai voulu les attraper en les tirant par leur ruban
C’est l’arc-en-ciel qui est tombé.
Huit petits papillons rouges, au frais dans mon arrosoir,
Je l’ai porté dans la lumière où je pouvais mieux les voir
Mais ils se sont évaporés.
Neuf petits papillons blonds dans le ciel de la marelle
J’y suis montée à tire d’aile
Sans avoir pris mon escabeau
Sans avoir eu besoin d’échelle
J’ai pu arriver là-haut !
Nous sommes dix p’tits papillons
Qui grimaçons comme des dragons
Pour faire peur aux coccinelles
Dix jolis p’tits polissons
Qui dessinons des aquarelles
A la lumière des lampions.
© Sylvie Mochiri Miller
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