Manu et la Pluie


Devant la pluie qui tambourine et se déroule derrière lui, Manu s’échappe comme il peut: il s’imagine être un surfeur qui se faufile entre les eaux et chevauche son vélo comme une planche sur la houle!


Dès que les gouttes le rattrapent, Manu devient Ta’aroa monté du ventre de la mer:  Son vélo est un dauphin magnifique et légendaire, les tipaniers sont des coraux, les farés de gros burgots et la pluie sur son visage: une preuve supplémentaire de son fabuleux courage.


Mais voici qu’avec l’orage où se talonnent des éclairs, Manu entend un jappement et, dressé sur son vélo, l’enfant cherche d’où il vient…


Est-ce un des courants marins dont les nombreux va-et-vient ont retenu prisonnier quelque pêcheur et son filet? 


Est-ce le ciel qui proteste -car mouillé par les embruns que soulèvent son dauphin?


Ou bien encore une marée qui, égarée dans l’univers, cherche à rejoindre la terre?


Ta’aroa écoute bien et ménage sa monture en lui flattant l’encolure.


Qui va-t-il pouvoir sauver?


En fait, c’est un petit chien attaché près de la route, un petit chien tout trempé qu’on a sans doute oublié!


Brandissant son javelot, Ta’aroa jaillit des flots. Comme un soleil qui fait sécher l'humidité sur le sable, la vue du vaillant guerrier sorti de l’eau pour le sauver, est une joie pour le chiot qui, libéré, oublie pourquoi il se plaignait et court après la bicyclette de son nouveau petit maître. 


Alors, le vaillant guerrier, une main posée sur son guidon, l’autre pointée sur le soleil, propose à son vélo-dragon la tortue d’or à l’horizon.



Sylvie Mochiri Miller

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